mardi 17 juillet 2012

Tozeur la perle du Sahara Tunisienne

Tozeur
presentation générale:
Tozeur (توزر) est une ville du Jérid tunisien et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle compte 32 400 habitants selon le recensement de 20042.
Située au nord-ouest du Chott el-Jérid, elle se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de Tunis. Il s'agit de l'une des oasis situées aux portes du désert du Sahara. Tozeur est une ville avec un passé religieux important et connue pour ses lettrés comme sa topographie contemporaine, parsemée de marabouts, en témoigne.

Histoire:
La région connaît un peuplement ancien, notamment durant la civilisation préhistorique du capsien et, comme toute l'Afrique du Nord, s'appuie sur un fond berbère même si on n'en trouve guère de trace et si la tradition locale ne le revendique pas : elle se positionne en effet sur une arabité qui fait le lien avec le prophète Mahomet.
Elle devient très vite un centre actif du commerce caravanier transsaharien fréquenté par les Carthaginois. En 148 av. J.-C., elle est citée par Ptolémée qui l'appelle Tisouros. Les Romains, en pleine conquête de la rive sud de la mer Méditerranée, s'y installent en 33 av. J.-C., la ville prenant alors le nom de Thusuros dans la Table de Peutinger, les vestiges de cette époque sont rares mais visibles :
« Des vestiges d'une ancienne présence romaine sont visibles à Tozeur. Il en est ainsi de l'existence de quelques pierres de taille dans certains répartiteurs des seguias de l'oued ou, encore, de celle de blocs antiques comme ceux qui entourent la base de la tour (ancien minaret) d'al-Hadhar. De même le quartier de Helba, aujourd'hui habité par des Rkârka, est réputé contenir les ruines d'une ancienne cité10. »
Au-delà, il ne reste que les témoignages de Pline l'Ancien, certes lyriques mais précieux, décrivant la beauté paradisiaque de l'endroit11. La ville devient un poste sur le limes saharien, sur la voie romaine allant de Gabès à Biskra, spécialisé dans le commerce des dattes mais aussi des esclaves. De l'influence chrétienne sous saint Augustin, il subsiste les vestiges d'une église reprise ensuite par la mosquée El Kasr, située à Bled al-Hadhar, et certains rites comme le Sidi Yuba qui consiste à baptiser les garçons avant la circoncision.

Pendant le Moyen Âge, la région de Tozeur est appelée « pays de Qastiliya » — nom mentionné par le célèbre géographe arabe Al-Bakri (1014-1094)12 — du fait de la succession de villages fortifiés appelés castella, ce qui transforme au fil du temps Tozeur et ses alentours en refuge pour divers dissidents (donatistes chrétiens, chiites et kharidjites)7. L'esprit contestataire des habitants, qui développent une identité forte, les poussent à fomenter une révolte menée par Abu Yazid durant douze ans contre le régime des Fatimides (935-947)7. Il fondent aussi des principautés indépendantes du pouvoir central qui finissent par être reconquises par les Hafsides7. Selon une autre approche plus mythologique qu'historique, le mot Qastiliya fait allusion à Qustal, fils de Sem[Qui ?] et petit-fils de Noé qui aurait fondé la ville après le déluge13.
Jusqu'au xiie siècle, Tozeur est un centre culturel florissant accueillant de nombreux théologiens et voyant se développer une tradition orale parmi les plus riches du Maghreb et une tradition poétique qui se perpétue jusqu'au xxe siècle, notamment à travers le grand poète Abou el Kacem Chebbi7. On doit aussi en la personne d'Ibn Chabbat — de son vrai nom Abou Abdallah Ibn Ali Ibn Al Chabbat Al Touzri né en 1221 à Tozeur et mort le 19 juillet 128214 —, homme de lettres, mathématicien, poète, juriste (cadi à Tozeur et précepteur à la mosquée Zitouna de Tunis) mais surtout horticulteur et hydraulicien, la conception et la réalisation d'importants travaux avant-gardistes sur la culture du palmier et l'amélioration notable d'un système de répartition des eaux qui fonctionne encore de nos jours dans plusieurs oasis du sud tunisien15. Son plan du xiie siècle est exposé au Musée des arts et traditions populaires de Tozeur. La cité se développe en dehors de sa palmeraie et connaît un grand essor économique jusqu'à son apogée au xive siècle. 
Géographie:

La ville est entourée d'une palmeraie d'approximativement 1 000 hectares7, abritant quelque 400 000 arbres7,8 autrefois irrigués par quelque 200 sources remplacées dès 1995 par les nombreux forages modernes qui alimentent désormais Tozeur. Même si la nappe phréatique reste surexploitée, des mesures comme l'introduction du goutte-à-goutte ont permis d'économiser de 35 à 30 % de la consommation9. La palmeraie se découpe en milliers de petits jardins (en moyenne d'un demi-hectare) plus ou moins bien entretenus : seules 25 % des terres sont cultivées et de nombreux palmiers meurent faute d'entretien8. Néanmoins, 500 nouveaux hectares ont pu voir le jour grâce à l'exploitation de la géothermie9. Elle a servi de décor pour de nombreux films comme Star Wars ou Le Patient anglais.


Tourisme:

Au début des années 1990, le gouvernement tunisien entreprend de développer le tourisme saharien. Une douzaine d'hôtels de grand standing voit alors le jour pour attirer des touristes par des séjours clés en main8. En mai 2008, la région incluant Tozeur, Nefta et Tamerza compte 41 unités hôtelières dont trois établissements cinq étoiles et a accueilli 338 000 visiteurs en 20079. Toutefois, selon Claude Llena, c'est la « minorité possédante et le capital touristique du Nord [qui] ont rapidement mis la main sur cette rente touristique au détriment de la population locale »8 ; le secteur n'engendre en effet que 2 500 emplois permanents et 5 000 emplois indirects.



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