Tozeur
presentation générale:
Tozeur (توزر)
est une ville du Jérid tunisien et le chef-lieu du gouvernorat du même nom.
Elle compte 32 400 habitants selon le recensement de 20042.
Située au
nord-ouest du Chott el-Jérid, elle se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de
Tunis. Il s'agit de l'une des oasis situées aux portes du désert du Sahara.
Tozeur est une ville avec un passé religieux important et connue pour ses
lettrés comme sa topographie contemporaine, parsemée de marabouts, en témoigne.
Histoire:
La région
connaît un peuplement ancien, notamment durant la civilisation préhistorique du
capsien et, comme toute l'Afrique du Nord, s'appuie sur un fond berbère même si
on n'en trouve guère de trace et si la tradition locale ne le revendique pas :
elle se positionne en effet sur une arabité qui fait le lien avec le prophète
Mahomet.
Elle devient
très vite un centre actif du commerce caravanier transsaharien fréquenté par
les Carthaginois. En 148 av. J.-C., elle est citée par Ptolémée qui l'appelle
Tisouros. Les Romains, en pleine conquête de la rive sud de la mer
Méditerranée, s'y installent en 33 av. J.-C., la ville prenant alors le nom de
Thusuros dans la Table de Peutinger, les vestiges de cette époque sont rares
mais visibles :
« Des
vestiges d'une ancienne présence romaine sont visibles à Tozeur. Il en est
ainsi de l'existence de quelques pierres de taille dans certains répartiteurs
des seguias de l'oued ou, encore, de celle de blocs antiques comme ceux qui
entourent la base de la tour (ancien minaret) d'al-Hadhar. De même le quartier
de Helba, aujourd'hui habité par des Rkârka, est réputé contenir les ruines
d'une ancienne cité10. »
Au-delà, il ne reste que
les témoignages de Pline l'Ancien, certes lyriques mais précieux, décrivant la
beauté paradisiaque de l'endroit11. La ville devient un poste sur le limes
saharien, sur la voie romaine allant de Gabès à Biskra, spécialisé dans le
commerce des dattes mais aussi des esclaves. De l'influence chrétienne sous
saint Augustin, il subsiste les vestiges d'une église reprise ensuite par la
mosquée El Kasr, située à Bled al-Hadhar, et certains rites comme le Sidi Yuba
qui consiste à baptiser les garçons avant la circoncision.
Pendant le
Moyen Âge, la région de Tozeur est appelée « pays de Qastiliya » — nom
mentionné par le célèbre géographe arabe Al-Bakri (1014-1094)12 — du fait de la
succession de villages fortifiés appelés castella, ce qui transforme au fil du
temps Tozeur et ses alentours en refuge pour divers dissidents (donatistes
chrétiens, chiites et kharidjites)7. L'esprit contestataire des habitants, qui
développent une identité forte, les poussent à fomenter une révolte menée par
Abu Yazid durant douze ans contre le régime des Fatimides (935-947)7. Il
fondent aussi des principautés indépendantes du pouvoir central qui finissent
par être reconquises par les Hafsides7. Selon une autre approche plus
mythologique qu'historique, le mot Qastiliya fait allusion à Qustal, fils de
Sem[Qui ?] et petit-fils de Noé qui aurait fondé la ville après le déluge13.
Jusqu'au xiie
siècle, Tozeur est un centre culturel florissant accueillant de nombreux
théologiens et voyant se développer une tradition orale parmi les plus riches
du Maghreb et une tradition poétique qui se perpétue jusqu'au xxe siècle,
notamment à travers le grand poète Abou el Kacem Chebbi7. On doit aussi en la
personne d'Ibn Chabbat — de son vrai nom Abou Abdallah Ibn Ali Ibn Al Chabbat
Al Touzri né en 1221 à Tozeur et mort le 19 juillet 128214 —, homme de lettres,
mathématicien, poète, juriste (cadi à Tozeur et précepteur à la mosquée Zitouna
de Tunis) mais surtout horticulteur et hydraulicien, la conception et la
réalisation d'importants travaux avant-gardistes sur la culture du palmier et
l'amélioration notable d'un système de répartition des eaux qui fonctionne
encore de nos jours dans plusieurs oasis du sud tunisien15. Son plan du xiie
siècle est exposé au Musée des arts et traditions populaires de Tozeur. La cité
se développe en dehors de sa palmeraie et connaît un grand essor économique
jusqu'à son apogée au xive siècle.
Géographie:
La ville est
entourée d'une palmeraie d'approximativement 1 000 hectares7, abritant quelque
400 000 arbres7,8 autrefois irrigués par quelque 200 sources remplacées dès
1995 par les nombreux forages modernes qui alimentent désormais Tozeur. Même si
la nappe phréatique reste surexploitée, des mesures comme l'introduction du
goutte-à-goutte ont permis d'économiser de 35 à 30 % de la consommation9. La
palmeraie se découpe en milliers de petits jardins (en moyenne d'un
demi-hectare) plus ou moins bien entretenus : seules 25 % des terres sont
cultivées et de nombreux palmiers meurent faute d'entretien8. Néanmoins, 500
nouveaux hectares ont pu voir le jour grâce à l'exploitation de la géothermie9.
Elle a servi de décor pour de nombreux films comme Star Wars ou Le Patient
anglais.
Tourisme:
Au début des
années 1990, le gouvernement tunisien entreprend de développer le tourisme saharien.
Une douzaine d'hôtels de grand standing voit alors le jour pour attirer des
touristes par des séjours clés en main8. En mai 2008, la région incluant
Tozeur, Nefta et Tamerza compte 41 unités hôtelières dont trois établissements
cinq étoiles et a accueilli 338 000 visiteurs en 20079. Toutefois, selon Claude
Llena, c'est la « minorité possédante et le capital touristique du Nord [qui]
ont rapidement mis la main sur cette rente touristique au détriment de la
population locale »8 ; le secteur n'engendre en effet que 2 500 emplois
permanents et 5 000 emplois indirects.
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